Troubles anxieux

Anxiété généralisée, trouble panique, agoraphobie, anxiété ou phobie sociale, phobie spécifique, anxiété de performance, anxiété de séparation, trouble obsessionnel-compulsif et trouble de stress post-traumatique.

Qu’est-ce que l’anxiété ? Est-ce malsain chaque fois que nous en vivons ? Quand est-ce que ça devient un trouble d’anxiété ? Voici quelques pistes de réflexion sur ces questions.

Voici une différence intéressante entre le stress et l’anxiété :

Stress : Le stress s’estompe après la disparition de l’élément déclencheur. C’est une réaction normale aux défis du quotidien. Par exemple, la première journée dans un nouvel emploi peut amener un état de stress, ce n’est pas problématique en soi, ça nous révèle aussi un désir de bien vouloir faire les choses.

Anxiété : Ce sont des peurs récurrentes pouvant amener à une rumination excessive, des symptômes physiques incapacitants, une détresse psychologique importante, des difficultés relationnelles et une diminution du niveau de fonctionnement (ex. : peut mener à un arrêt temporaire du travail ou des études).

Le stress est une émotion saine et utile, mais qui peut se transformer en anxiété lorsqu’il persiste. Il nous aide à mobiliser nos ressources pour nous préparer à faire face à une menace, ou tout simplement nous pousser à agir pour nous préparer à un événement futur, augmenter notre concentration et efficacité, ou encore nous signaler qu’on doit trouver une solution à une difficulté. C’est lorsque cet état persiste, nous paralyse ou favorise la fuite au lieu de nous motiver que cela devient problématique.

L’anxiété relève souvent d’inquiétudes relatives à notre perception des situations et du code de vie que nous avons intégré depuis que nous sommes jeunes. Par exemple, la croyance que l’on ne doit pas faire d’erreurs et qu’on doit tout savoir pour être compétent au travail peut engendrer de l’anxiété. Les personnes qui développent un trouble anxieux ont souvent une vulnérabilité génétique (on peut remarquer que d’autres membres de notre famille souffrent aussi d’anxiété).

De même, toutes sortes de contextes ou d’événements peuvent faire en sorte que l’anxiété pathologique s’installe. Pour un grand nombre de personnes, cette anxiété est augmentée par de l’hypersensibilité, par exemple ; aux bruits, aux odeurs, aux changements de température ou de saisons, et dans tous les cas en présence de sensations physiques et d’émotions jugées désagréables.

Les principaux types d’anxiété reconnus sont répertoriés ici plus en détail. Nous avons choisi de vous présenter une brève définition des troubles anxieux, des symptômes ainsi que d’exemples de pensées qui peuvent causer de l’anxiété et qui ont été rapportées par des participants à nos groupes d’entraide vivant l’une ou l’autre de ces problématiques. Nous nous sommes basés sur les critères du DSM 5 (American Psychiatric Association, 2013). Veuillez noter que nous ne faisons en aucun cas d’évaluation diagnostique. Au Québec, seuls les médecins et les psychologues peuvent poser un diagnostic psychologique. Il est normal de retrouver en soi différentes caractéristiques ou des traits propres à l’anxiété, sans pour autant que ce soit pathologique.

Bonne nouvelle, il est possible de s’exposer peu à peu aux situations anxiogènes pour nous et graduellement améliorer notre qualité de vie au quotidien.

TYPES D’ANXIÉTÉ

L’anxiété généralisée

L’anxiété généralisée est caractérisée par des inquiétudes persistantes, excessives et difficilement contrôlables en lien avec divers aspects de vie tels que les responsabilités professionnelles, la performance scolaire, le budget, les relations interpersonnelles, la santé, etc. (ex. : peur de manquer d’argent, de perdre son emploi, d’échouer un cours, qu’il arrive un malheur à un proche). Celles-ci sont envahissantes, amènent une détresse significative et/ou perturbent le fonctionnement de la personne.

La personne qui souffre d’anxiété généralisée devient hypervigilante face aux événements de la vie quotidienne, elle imagine constamment le pire et peut aussi être irritable. Les inquiétudes peuvent être centrées sur des problèmes réels et actuels ou anticipés et imaginés. L’énergie que demande au corps d’être dans un état de tension permanente amène la personne à vivre plusieurs symptômes physiques (ex. : maux de tête, fatigue chronique, tensions musculaires, problème de concentration, insomnie, etc.).  

« Mon cœur fait un saut à chaque fois que le téléphone sonne. J’ai peur que ce soit quelqu’un qui m’annonce une mauvaise nouvelle. »

« Je me sens étouffé par le poids de tout ce que j’ai à faire, mais en même temps, si je ne le fais pas, qui le fera ? »

Le trouble panique

Ce trouble est caractérisé par la récurrence d’attaques de panique soudaines. On peut vivre des attaques de panique ponctuelles sans avoir un trouble panique. L’enjeu principal de ce trouble est la peur d’avoir une autre crise de panique, ce qui peut amener la personne à modifier ses habitudes de vie.

Les personnes qui ont fait l’expérience d’une attaque de panique vous le diront : c’est un moment très intense. Une attaque de panique est une période d’anxiété soudaine et inattendue délimitée dans le temps, bien qu’avec le temps on finisse par les sentir venir. La personne a l’impression de faire une crise cardiaque, se sent étouffée, a peur de mourir, de s’évanouir, de perdre le contrôle et/ou de devenir folle. Elle peut avoir des palpitations cardiaques, tremblements, vertiges, nausées, sueurs, étourdissements, l’impression d’être hors de son corps, etc.

Face à la peur d’avoir une autre crise de panique, la personne devient hypervigilante face aux sensations physiques, très sensible à chaque réaction de son corps, s’affole au moindre symptôme. S’installe alors un cercle vicieux propre au trouble panique : peur d’une nouvelle attaque de panique (anxiété constante), l’anxiété augmente dès que la personne vit des sensations physiques similaires aux attaques de panique (anxiété devient plus aigüe), ce qui favorise l’émergence de nouvelles attaques de panique, etc. La situation peut donner l’impression qu’on a perdu le contrôle et qu’on est impuissant, elle peut avoir une influence négative sur l’estime de soi ou sur le fonctionnement global.

« Je pensais que je faisais une crise cardiaque et que j’allais mourir ! »

« J’ai peur de faire une nouvelle attaque de panique chaque fois que je sens mon cœur battre plus vite ! »

L’agoraphobie

Chez certaines personnes, les attaques de panique vécues peuvent les amener à avoir peur de certaines situations et/ou modifier leurs comportements pour les éviter. L’anxiété est principalement vécue face au fait de se retrouver dans des endroits ou des situations ou la personne pense qu’il serait difficile ou gênant de s’échapper ou de trouver du secours en cas de malaise.

Les peurs sont souvent associées aux transports publics (ex. : métro, autobus), aux espaces ouverts (ex. : marchés extérieurs, ponts), aux espaces fermés (ex. : restaurants, centres d’achats), aux files d’attente, aux foules, au fait d’être seul à l’extérieur de chez soi ou être seul à la maison. Cet évitement progressif des lieux publics risque de peu à peu réduire la liberté de la personne, mener à de l’isolement social et handicaper sa vie professionnelle.

« C’est sûr que si je vais seule à l’épicerie je vais faire une attaque de panique. »

« Je m’empêche de sortir de chez moi, car j’ai peur de faire une attaque de panique devant les autres. »

L’anxiété ou phobie sociale

C’est une peur marquée du jugement des autres dans les situations sociales. Les personnes qui souffrent d’anxiété sociale peuvent redouter d’avoir une conversation, de rougir devant l’autre, de rencontrer de nouvelles personnes, de prendre la parole en public, de manger au restaurant, d’aller à des soirées, etc.  Dans certains cas, la personne peut redouter certains contacts sociaux spécifiques alors que d’autres vont vivre de l’anxiété dans une foule de situations sociales différentes, mais celles-ci provoquent presque inévitablement des symptômes anxieux. Ce type d’anxiété peut entraîner l’évitement de situations où la personne risque de s’exposer à un jugement négatif et entrainer l’isolement social.

« Je ne vais pas aux sorties organisées par l’association étudiante, car j’ai peur de ne rien avoir à dire d’intéressant et que ça paraisse que je suis anxieux. »

« Je ne dine pas avec mes collègues, j’ai trop peur de devenir rouge, de bafouiller, d’être à bout de souffle et de ne pas savoir quoi dire. Ils vont me trouver bizarre et me juger. »

La phobie spécifique

C’est une peur importante et persistante, dont l’objet est clairement défini (ex. : chiens, araignées, avions, sang, hauteurs, endroits clos, etc.). La détresse associée à l’anticipation ou la confrontation à l’objet de la peur peut faire vivre un haut niveau d’anxiété ou favoriser l’évitement. La personne qui en vit peut elle-même se dire que cette crainte est disproportionnée, mais elle n’arrive pas à la contrôler.

« À cause de ma peur des avions, je m’empêche de voyager d’un pays à l’autre. Je l’ai pris une fois et j’étais convaincue que j’allais mourir, j’étais très consciente de tous les bruits et secousses de l’avion, mon cœur n’arrêtait pas de battre, c’était un supplice, j’avais juste hâte d’être arrivée! »

« Lorsque je vois un chien, j’entre immédiatement dans un mode de survie. Je dois trouver un endroit où fuir, je me tiens très loin. Je ne vais pas chez mes amis qui ont des chiens, ou je leur demande de l’enfermer pendant la durée de ma visite. »

L’anxiété de performance

La plupart des personnes vivent un stress normal avant un examen, une présentation devant un groupe, une entrevue d’embauche. D’autres considèrent la réussite et la performance si importante que cela leur cause un niveau de stress démesuré, en lien avec les diverses sphères de vie (travail, études, sport, relations). Il ne s’agit pas d’un diagnostic psychologique, mais l’anxiété de performance peut être vécue avec beaucoup de détresse.

 

Ces personnes ont tendance à être perfectionnistes, à avoir des exigences très élevées envers elles-mêmes, à avoir peur de l’échec. La personne peut avoir des pensées négatives envahissantes (ex : je ne suis pas assez bonne, je vais échouer, on va me renvoyer), vivre des symptômes physiques désagréables (ex. : migraines, nausées, insomnie, troubles digestifs, etc.), avoir peur d’entreprendre des projets dont l’issue est incertaine (ex. : études universitaires ou changer d’emploi). Quoi qu’elle fasse, elle n’est jamais satisfaite des résultats, ce qui la rend anxieuse et affecte son estime personnelle (cercle vicieux). Elle cherche à prouver sa valeur par ses réalisations, car au fond, elle ne croit pas pouvoir être aimée simplement pour qui elle est.

« Ce que je fais n’est jamais assez bien. »

« Je stresse tellement pour avoir de bonnes notes à l’école que cela m’empêche de dormir. Je ne pense constamment qu’à ça. Je ne sors presque jamais en me disant que je dois étudier. »

L’anxiété de séparation

Auparavant, l’anxiété de séparation était seulement diagnostiquée chez les enfants. Aujourd’hui, on reconnaît qu’elle peut s’observer aussi chez les adultes. Celle-ci se caractérise surtout par une peur excessive et inappropriée en lien avec la séparation des personnes à qui l’on est attachées (ex. : parents, conjoint ou autre personne importante). Celle-ci se caractérise par beaucoup d’anticipation et de détresse lorsque la personne doit s’éloigner des principales figures d’attachement, ou de la maison.

Elle peut aussi ruminer constamment en ayant peur qu’il arrive un malheur à ces personnes, ou qu’un événement les sépare. Cela peut l’amener à ne pas vouloir être loin de la maison, ne jamais vouloir rester seule, ne pas vouloir dormir à l’extérieur ou sans l’autre, avoir des cauchemars en lien avec la séparation ou avoir des maux physiques engendrés par l’anxiété causée par la séparation (ex : maux de tête, douleurs abdominales, nausées, palpitations cardiaques, vertiges, etc.), ce qui entraîne une perte d’autonomie.

« Je ne vais jamais en voyage seule, car dès que je m’éloigne de la maison de mes parents, je panique et tout ce que je veux c’est de revenir au plus vite pour me sentir en sécurité. »

« Depuis quelque temps, j’ai des problèmes de couple, car mon copain trouve ça lourd que je veuille toujours qu’il soit avec moi. Je deviens fâchée dès qu’il fait des activités avec ses amis, parce que je stresse toute la soirée qu’il lui arrive un malheur. »

Le trouble obsessionnel-compulsif

Ce trouble est caractérisé par des idées obsessives et/ou des comportements compulsifs répétitifs qui peuvent entraver la qualité de vie de la personne. La personne peut avoir conscience du caractère inhabituel de ces comportements, mais avoir l’impression de ne pas pouvoir les contrôler.

Les obsessions sont des idées, des images ou des impulsions qui envahissent maintes fois la pensée de la personne, malgré elle, et qui entraînent de l’anxiété et de la souffrance. Elles peuvent être en lien avec la peur de la contamination, le besoin que tout soit propre, rangé ou dans un certain ordre, la peur de faire un geste dangereux ou gênant (ex : crier en public, attaquer quelqu’un), la peur qu’il arrive un malheur, etc. La personne peut essayer d’éliminer ces pensées ou les neutraliser avec des compulsions.

Les compulsions sont des actes répétitifs qui se déroulent souvent selon certaines règles et qui sont effectués inconsciemment ou non pour diminuer l’anxiété, souvent causée par les obsessions. Il peut s’agir d’un lavage des mains excessif, de vérifier plusieurs fois si la porte est verrouillée ou les appareils électroménagers éteints, de faire le ménage à chaque jour pendant plus d’une heure, de compter répétitivement dans sa tête, etc. La personne se sent obligée de faire cette compulsion, ou lorsqu’elle essaie d’y résister, vit une augmentation de son anxiété.

« Je fais plusieurs heures de ménage par jour, pour moi c’est normal… sinon je sens que c’est sale et ça me dérange. En plus, c’est une façon de gérer mon anxiété. »

« Lorsque j’étais jeune et que mes parents partaient durant la soirée, je me mettais à compter des chiffres dans ma tête plusieurs fois dans la soirée. »

Le trouble de stress post-traumatique

Ce trouble peut apparaître lorsqu’une personne a vécu une expérience particulièrement traumatisante, qu’elle a eu peur de perdre la vie, a vécu une agression violente ou un accident sévère (ex. : un vol, une prise d’otage, un incendie, une maladie soudaine, etc.) Il arrive que le trouble apparaisse également chez des personnes qui ont été témoins d’un événement traumatisant (ex : avoir été témoin de la mort violente de quelqu’un) ou lorsqu’elles ont été impliquées indirectement (ex : apprendre que c’est arrivé à un proche). Suite à un événement catastrophique, la personne ressent des symptômes physiques et psychologiques aigus et persistants, qui durent plus de quatre semaines. Tous ses sens sont en alerte, comme si elle était dans un mode de survie et se préparait à réagir face à un danger imminent (hypervigilance, sursauts exagérés, problèmes de concentration, insomnie).

Elle peut alors avoir des souvenirs récurrents, involontaires et intrusifs, des cauchemars, une impression que l’événement se répète, de la détresse face à tout ce qui rappelle l’événement. En réaction, la personne peut tenter d’éviter les souvenirs difficiles, de même que tout ce qui peut les lui rappeler (ex. : lieux, conversations, activités, personnes en lien avec l’événement). Elle peut aussi ne plus se souvenir d’un aspect important de l’événement traumatique, se sentir détachée des autres, se sentir coupable ou blâmer les autres, être irritable et exploser de colère, être constamment dans un état émotif négatif, ne plus être intéressée par ses activités habituelles, faire des actes impulsifs ou autodestructeurs.

« J’ai été témoin d’un accident de la route il y a trois mois et je n’arrive plus à conduire depuis, car j’ai des palpitations, des sueurs froides et l’impression d’étouffer dès que j’entre dans une automobile. Cela m’empêche de prendre plusieurs contrats de travail. »

« Je ne dors presque plus depuis cet événement, j’ai l’impression d’être dans un cauchemar. C’est comme si je me sentais dans une bulle, à part des autres. J’ai une peur très intense qui ne me quitte plus. »

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